Position du Conseil d’administration sur l'augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers

Le 19 novembre dernier, lors des Rencontres universitaires de la francophonie, le premier ministre Edouard Philippe a dévoilé sa « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux » sous la bannière « Bienvenue en France » (1). A cette occasion, il a annoncé la très forte augmentation du montant des droits d’inscription pour les étudiants étrangers extra-européens. Le Conseil d’administration de l’université de Bordeaux a pris position le 19 décembre 2018.

  • 09/01/2019

© Lionel Lizet © Lionel Lizet

Cette mesure, outre son caractère paradoxal – va-t-on inciter plus d’étudiants étrangers à venir faire leurs études en France si les droits d’inscription augmentent fortement ? – soulève des questions qui touchent aux valeurs qui fondent l’université et impacte notre projet d’établissement. Elle a fait l’objet, ces derniers jours, d’une large concertation associant personnels et étudiants au sein des différentes composantes de l’université de Bordeaux.

  • La mesure est perçue comme injuste et discriminatoire car elle frappera d’abord les étudiants pauvres et particulièrement ceux des pays les moins développés économiquement : cette hausse des droits d’inscription, même partiellement compensée par une augmentation du nombre des bourses et des exonérations, induit un risque de sélection par l’argent contraire aux valeurs humanistes portées par notre établissement.
  • Elle apparaît incohérente, dans un contexte où le soutien aux pays en développement est affirmé comme une priorité du gouvernement à laquelle l’université de Bordeaux souhaite contribuer.
  • Elle apparaît contre-productive car elle est potentiellement porteuse d’une réduction de l’ouverture internationale et de la diversité auxquelles notre établissement est particulièrement attaché.
  • Elle aura un impact négatif sur le rayonnement de l’université de Bordeaux dont plusieurs composantes ont noué des liens forts avec les pays de la francophonie et des Suds.

Par ailleurs, les informations communiquées ces derniers jours par la DGESIP concernant la subvention pour charges de service public (SCSP) 2019 font craindre que cette augmentation des droits d’inscription soit pensée comme un levier que les établissements devraient mobiliser pour faire face à la charge que représente le GVT. Il n’est pas acceptable qu’une telle mesure soit corrélée à un désengagement de l’Etat qui compromet notre équilibre budgétaire et obère de facto nos marges de manœuvre en terme de politique d’exonération.

Pour notre université, riche de la variété de ses publics, de leur origine, qu’elle soit géographique, sociale ou culturelle, il n'est pas envisageable d'interdire brutalement l'accès de nos formations aux publics les plus défavorisés qui y projettent leur espoir d'une vie meilleure.

En conséquence, le conseil d’administration de l’université de Bordeaux, qui regrette l’absence de concertation sur un sujet aussi essentiel, demande que soit suspendue l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers hors Union européenne.

(1) Campus France - « Stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux »